jeudi 9 avril 2009

ethnocosmétique ?


« Aujourd’hui, en matière de cosmétique, le marketing distingue le marché de la beauté et le marché « ethnique », comme si il y avait d’une part, une beauté subsidiaire, atypique, et d’autre part, « la » beauté, normale, universelle, référentielle. L’expression « ethnique » elle-même, volontairement vague et généraliste, désigne toute caractéristique « non caucasienne », et concerne surtout les femmes noires, mais aussi asiatiques et arabes. On voit donc fleurir dans le langage marketing, des expressions telles que« la femme ethnique », « le cheveu et le peau ethniques », en lieu et place de « la femme noire », « la peau noire et le cheveu crépu », comme si ces derniers étaient des caractéristiques honteuses ou innommables. Le terme « ethnique », qui même pour les ethnologues ne veut plus rien dire, non seulement enferme l’autre dans sa différence, mais nie et occulte également son identité, en refusant de la nommer. L’altérité est donc perçue comme hors normes, et ne peut s’appréhender qu’à travers un marché à part, sous une dénomination exotique ─ marketing oblige ─ mais ô combien marginalisante. Mais plutôt que de proposer aux femmes noires des produits cosmétiques spécifiques, étudiés pour embellir leurs traits physiques, leur nature, « leur » type de beauté, on leur propose avant tout, des produits et des modèles sensés leur permettre d’accéder à « la » beauté universelle, donc occidentale. « Ethnocosmétique » rime donc avant tout avec « ethnocentrisme ». L’idéologie prônée derrière ce discours sur la beauté universelle est l’homogénéisation des phénotypes, par l’alignement de tous les canons de beauté sur le modèle occidentale, et l’ethno-cosmétique est là pour fournir aux femmes "ethniques", l’attirail nécessaire pour rentrer dans la norme »

Extrait La guerre des canons de beauté. Quand ethnocosmétique rime avec eurocentrisme http://www.ananzie.net/Le-Marche-des-cosmetiques,8

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